Le 18A - un lieu de patrimoine

Aux Origines : du Ier au XVIIIe siècle

Les premiers vestiges attestant de la présence de populations remontent à l’époque gallo-romaine et indiquent que les habitants vivaient dans la plaine de l’Ardèche, en-dessous de la cité actuelle. Du Ier au IVème siècle, les quartiers de Pont d’Aubenas et de Saint-Pierre sont des domaines agricoles. 

Les hauteurs de l’actuelle Aubenas sont occupées à partir du Vème siècle, où un bourg castral se développe autour du Château Vieux. Les remparts de la ville sont agrandis une première fois au XIIIème siècle, suite à la multiplication d’établissements religieux. L’extension de la ville vers le sud-est, ainsi que la construction d’un nouveau château nécessitent la construction d’une dernière enceinte entre la fin du XIIIème et le début du XIVème siècle. 

Deux tours carrées sont édifiées durant la seconde moitié du XIVème siècle, le long des remparts, sur l’emplacement actuel de l’Hôtel Goudard-Ruelle. La Tour Saint-François, aujourd’hui disparue, était située au nord-ouest de l’hôtel. La seconde tour, au sud et toujours existante, flanquait la porte des Frères-mineurs. Cette porte fut détruite au cours du XIXème siècle. 

Durant les XVIIIe et XIXe siècles, l’industrie du textile se développe avec la fondation de trois Manufactures Royales. 
François Goudard rachète en 1733 la manufacture de Cadis et Serge, qui devient la Manufacture Royale de Draps deux ans plus tard. En 1735, il acquiert la Manufacture Royale de Coton et Mouchoir, qu’il lèguera à son gendre en 1757. La troisième Manufacture Royale, dites de Soie, est créée 1752 sous la direction de Henri Deydier. 
François Goudard obtient de la commune en 1753 la concession de la Tour Carrée, ancien corps de garde de la porte des Frères Mineurs, ainsi que l’autorisation de construire son habitation au-dessus du rempart. L’Hôtel Goudard- Ruelle est édifié cette année-là.
 

L’Hôtel particulier du XVIIIe siècle

L’Hôtel particulier Goudard-Ruelle est bâti en partie sur un ancien cimetière protestant et sur le mur d’enceinte de la ville construit au XIIIe. Ce dernier est encore perceptible du rez-de-chaussée au deuxième étage. La Tour Carrée de 1379 est conservée et intégrée à l’édifice.

Le rez-de-chaussée du corps Ouest, sous les voûtes, est occupé par des ouvriers tisserands employés aux « métiers battants », ainsi que par un magasin de vente de mouchoirs. Ce niveau conserve par la suite une utilisation commerciale : marbrier, café, cave à vins, etc.
Le reste de l’édifice, par lequel on accède depuis le portail et la cour d’entrée, est habité par la famille Goudard-Ruelle et ses descendants. 

Au XIXe siècle, suite au mouvement hygiéniste, la ville perd progressivement ses remparts et ses portes, les rues existantes s’élargissent. C’est vraisemblablement à cette époque que l’angle Nord-Ouest de l’Hôtel dut modifié, l’actuelle Rue des Cordeliers créée à cet endroit, l’angle Sud-Est est remanié et la porte des frères mineurs est démolie.

L’étude des plans et cadastres successifs permet d’identifier cette modification du bâti dans la seconde moitié du XIXe siècle. Sur un plan de 1812 et sur le cadastre napoléonien de 1834 l’angle nord-ouest présente quatre redents successifs. La carte d’état-major, établie entre 1855 et 1866, montre à cet endroit une continuité du bâti, la rue des Cordeliers n’existe pas encore.

Un plan d’un projet d’alignement, en parti réalisé et daté de 1862, montre que c’est à ce moment que le choix a été fait de modifier l’angle de l’édifice. On voit également que la façade Est et son retour au Sud présentaient à l’origine une extrémité plus avancée et rectangulaire. La disposition actuelle à trois pans ne date ainsi que du XIXe siècle. Sur le plan d’alignement de 1883, l’angle à pan coupé visible aujourd’hui est clairement identifiable. 
L’implantation du bâti n’évolue plus par la suite. L’hôtel reste la propriété des descendants de François Goudard jusqu’en 1953, date à laquelle Alice Rippert-Verny, commence à le vendre aile par aile, la totalité est cédée en 1964.